Bling, bling, paix à toutes les victimes…

La nuit tombe et les bour­geois trem­blent. Dehors, l’in­sécu­rité. La vio­lence, à deux rues, la ban­lieue, deux coups de feu, le dis­cours offi­ciel et puis suit l’of­fi­cieux : “À Vil­liers-le-Bel, on n’a pas hésité à tir­er sur les forces de l’or­dre. C’est une pre­mière !” Et la vérité, c’est qu’il y a bien longtemps que les keufs tombent sous les balles. Un peu comme les cas­cadeurs, c’est leur méti­er. La réal­ité, c’est qu’a­vant d’ar­riv­er à cette extrémité, il y a sou­vent eu une vic­time… “civile” (mais pas for­cé­ment inno­cente), dont le sort a cristallisé les rancœurs d’une caté­gorie d’in­di­vidus mar­gin­al­isés à l’en­con­tre d’un “sys­tème de société” aveu­gle et cynique. Petite séance de rattrapage.


La jus­tice n’a pas ren­du le jugement
Que le peu­ple attend.
Voilà pourquoi, nous avons la haine
Con­tre leur système.

Shoot, shoot, le rythme suit sa route.
Plus de doute le posse Assas­sin fait par­tie des gens qu’on écoute.
Qui sont les criminels ?
Qui sont ceux qu’on enferme ?
A l’é­cole on nous impose des modèles,
Mais la vie me révèle le côté réel des fils de pute qui nous gouvernent.
Pas un mot sur les crimes quand l’É­tat assassine.
On t’op­prime, si ça ne va pas, on te supprime.
Pô, pô, pô, voilà com­ment la police s’exprime.
Per­son­ne d’en­tre nous ne veut finir comme Malek Oussekine.
Bing, bang, la police est comme un gang.
De l’Afrique Noire au Maghreb et de la Corse à l’Irlande.
Les minorités se lèvent, notre sang vient de la même sève.
C’est pour ça qu’il n’y a jamais de trêve.
Je ne vote pas, la poli­tique insti­tu­tion­nelle ne m’in­téresse pas.
Je rappe pour les bas-fonds, pas pour les bouffons.
Notre cul n’est pas à ven­dre, mais pour le tien j’ai du plomb !
La jus­tice juge sur des critères bien définis,
80 % des pris­on­niers sont ouvri­ers, chômeurs ou sans logis.
Com­bi­en de keufs sont incarcérés ?
Dites-moi sim­ple­ment dans l’Histoire
Le nom­bre d’hommes poli­tiques déjà condamnés ?
Christophe Matieu, Mohamed Diab ou le petit Thibeau
Sont tombés sous les balles, les porcs qui ont tiré sont bien au chaud.
Et nous, on nous reproche de semer la panique.
Atteinte à la sûreté de l’É­tat quand Rockin’ s’excite.
La jeunesse n’a pas besoin d’As­sas­sin pour voir que l’É­tat nous nique.
Et toutes ces con­ner­ies me don­nent envie de shoot­er un ministre !
Zingue, zougue, zam, le unda­ground s’exprime.
Pen­dant que jour après jour l’É­tat assassine !

L’É­tat assas­sine, un exem­ple Malek Oussekine,
Bing, bang, la police est comme un gang.
Car l’É­tat assas­sine Makomé en a été victime,
Bing, bang, la police est comme un gang.
L’É­tat assas­sine, à deux doigts Rod­ney King,
Bing, bang, paix à toutes les victimes !

Vous voulez qu’on respecte votre État policier.
Vous nous dites que tout les flics ne sont pas mauvais.
Que si la police n’é­tait pas là, ce serait pire encore.
Que la société a besoin de vous sans compter ses morts.
Mais c’est fini, le peu­ple se réveille et nous deman­dons des comptes.
Le pou­voir judi­ci­aire doit pren­dre au sérieux ce que l’on raconte.
Car lourde est l’am­biance quand la bavure frappe.
La police et l’ar­mée sont des gangs organ­isés, donc je prends mes marques.
Un exem­ple, leurs com­porte­ment dans les émeutes du 18ème.
Ils frap­pent les jeunes, les vieux, les enfants afin que l’or­dre règne.
Nous ne sommes pas au pre­mier chapitre des encu­leries politiques,
Finan­cières, poli­cières, le busi­ness des affaires est prospère
Quand il se règle dans les couloirs des ministères.
Et pen­dant qu’As­sas­sin est cen­suré quand il s’exprime,
Le gou­verne­ment est à la tête d’un État qui assassine.

{au Refrain}

Bing, bang, yeah mon­ey, je par­le des bavures policières.
Oui mon frère, quand en un instant tout s’arrête.
Quand tu prends une bas­tos en pleine tête
Par les respon­s­ables du main­tien de l’or­dre public,
De l’or­dre pub­lic, ou de l’or­dre politique ?
Du délire d’un flic, ou l’er­reur est humaine ?
Alors, moi aus­si, dites- moi, je dégaine ?
Le crime, est-ce un pro­duit du système ?
La haine appelle la haine, si ton esprit se referme.
Le doigt sur la gâchette, mon front transpire,
Mon cœur bat plus vite, mes pul­sa­tions s’excitent.
Le sang coule dans mes yeux, mais je mérite mieux.
Pourquoi le shoot­er lui et pas un autre ?
Si je shoote ce keuf, je devrais shoot­er les autres.
Mais ce sont des hommes !
Ça y est ma tête explose,
Toutes les valeurs s’entrechoquent,
Car la ques­tion que je me pose est :
Doit-on répon­dre de la même manière aux vio­lences policières ?
Mais je ne chang­erai pas le cours de l’His­toire, si je shoote un commissaire.
S’ il a buté mon frère, ça pour­rait me satisfaire.
Mais le cul entre qua­tre murs, il ne me restera que la prière.
Oh shit ! Ma per­son­ne s’excite !
Et mes doigts sur le cal­i­bre sont moites, trem­blent et s’agitent.
Les sec­on­des parais­sent des heures…
Et l’odeur de l’aci­er dans ma main a un goût de rancœur.
Tant pis je shoote, tant pis je shoote,
Je n’en ai plus rien à foutre, dans ma tête il n’y a plus de doute !!!
Eh, Squat réveille-toi … (scène du réveil)

{au Refrain}


Texte : Assas­sin, L’É­tat assas­sine, L’Homi­cide Volon­taire (Dela­bel, 1995)

Écoutez Assas­sin

 — Texte soumis aux droits d’au­teur — Réservé à un usage privé ou éducatif.

Auteur/autrice : Lafontanelle

Hylotrupes bajulus les soirs de pleine lune...

2 réflexions sur « Bling, bling, paix à toutes les victimes… »

  1. L’éter­nel débat entre préven­tion et répression ?

    Et si la solu­tion était tout sim­ple­ment tous les jours devant nos yeux et que per­son­ne ne s’en rendait compte… :

    3 mots encore rarement appliqués…
    3 mots comme les trois cer­cles d’une ini­ti­a­tion au bien-être…
    3 mots pour enfin tout changer 

    Lib­erté, Egal­ité, Fraternité…

    Essayons, c’est la clef.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.