J’aime à répéter : « Je n’accorde qu’une importance relative à la beauté physique des femmes. Ce qui importe, c’est juste qu’elles aient un corps de rêve. Après tout, on ne leur demande pas grand chose ». Cette citation est extraite de Pensées profondes et autres, dont je suis également l’auteur.
On ne saurait évoquer la cité des Doges sans parler des femmes et de leur fameuse blondeur vénitienne. À propos, savez-vous comment les belles locales obtenaient cette décoloration du pigment pour avoir cette couleur flamboyante, entre le roux et l’auburn ? Comme tous les secrets de beauté, vous risquez, messieurs, d’être passablement déçus… Figurez-vous que les dames exposaient au soleil leur chevelure sur de petites terrasses en bois comme on en voit tant sur les toits de Venise, pour que le soleil catalyse une préparation spéciale dont elle s’enduisait la tignasse à base.… d’urine de chat ou de cheval ! N’en déplaise à L’Oréal, est-ce que ça le vaut bien ?
Quand vous savez par ailleurs que le rouge à lèvres « baiser fougueux » qu’elles portent a été rigoureusement testé sur des anus de singe car la texture est celle qui se rapproche le plus des lèvres pulpeuses humaines, que leurs crèmes hydratantes, de beauté, de jour, de nuit, au lait d’ânesse et autres plaisanteries au monoï se font, soit à partir de graisses animales diverses, soit à partir de résidus de pétrole, ça vous la coupe ou, du moins, cela vous donne un bon prétexte pour ne pas assurer.
Mais, côté virilité, nous n’avons quasiment rien à envier à Giacomo Casanova et ses soixante-quatorze maîtresses recensées. Franchement, s’il nous fallait nous vanter de toutes nos conquêtes, exploits et fantaisies amoureuses, les dix-neuf volumes de ses Mémoires feraient un petit peu « petit bras », voire « petit joueur ». Mais nous, nous savons rester discrets et ce n’est sûrement pas notre genre de nous vanter. Giacomo a comme excuse valable d’avoir été incarcéré dans les fameux plombs de la Sérénissime. C’est sûr que quand on a pas grand chose à faire, on peut se la péter en écrivant ses Mémoires. Mais, en dehors de cela, pourquoi faire des jaloux ?
Blondes
Notre héroïne s’appelait Isabela et bouquinait distraitement l’Alchemia des desiderio de Tarun Tejpal. Comme si on avait besoin d’un bouquin pour pratiquer la chose… À la limite d’un mode d’emploi pour éviter la surchauffe ou une notice pour apprendre à ménager des pauses, mais pourquoi tant d’inutiles et vains traités ?
Isabela était, comme vous l’imaginez, d’une beauté raffinée, entre Raphaël et Botticelli, si vous voyez le genre. Franchement, moi j’aime plutôt ce genre-là, avec cet excitant côté innocent et angélique qui laisse deviner un tempérament démoniaque, propre à défier mon esprit conquérant. Ce n’est pas pour des pruneaux que des intimes connaisseuses m’ont surnommé « le Magnifico »…
Pour en revenir à notre séraphique beauté, rassurez-vous, je me dois de la ménager et elle ne finira ni violée, ni découpée en morceaux, même pas défenestrée par une rivale, hachée menu par une série de serial killers ou tout simplement rouleau-compressée par sa Fiat Uno lors d’un rocambolesque carambolage sur l’autoroute. Non, il ne lui arrivera rien de tout cela et nous l’épargnerons. D’ailleurs, que voulez-vous qu’il arrive à une blonde qui passe son temps à se décolorer en lisant des stupidités au lieu d’investir dans de sérieux ouvrages de référence comme celui-ci ? Non, il ne lui était jamais rien arrivé de significatif dans sa banale vie de blonde et il ne lui arriverait jamais rien. Et voilà une histoire qui finit bien. Rassuré(e)s, n’est-ce pas ?
« Blondes », seizième et dernier épisode des Nouvelles Vénitiennes de Maître Renard.
— Lire la nouvelle précédente : Piccolo Travelo.