QUE FAIRE LORSQU’ON EST ARRÊTÉ PAR LA POLICE LORS D’UNE MANIFESTATION ?
II- VOS DROITS LORS D’UNE GARDE A VUE
Un officier de police peut décider de vous retenir au poste 48 heures maximum s’il soupçonne que vous avez commis ou tenté de commettre une infraction. Si la garde à vue fait suite à un contrôle d’identité, la durée de la garde à vue (48h) se calcule à partir de l’heure de votre interpellation par la police (les 4 h de rétention pour le contrôle d’identité incluses). Vous devez être immédiatement informé de vos droits dans une langue que vous comprenez (Article 63 – 1 du CPP). Si l’interprète ne peut se déplacer, cela se fera par les moyens de télécommunications autorisés.
Dès le début de la garde à vue, le procureur doit être informé par l’officier de police judiciaire de votre placement en garde à vue. Vous pouvez être retenu au maximum 48h (96h lorsque des stupéfiants sont en cause, selon l’article 63 – 1 du CPP). La prolongation d’une garde à vue de 24h à 48h doit être autorisée par le procureur. Un mineur ne peut être retenu que 24h (s’il a plus de 13 ans). Vous avez le droit de savoir quelle infraction vous est reprochée. Vous devez demander que ce soit écrit sur le procès-verbal et d’avoir si nécessaire un interprète. Vous avez le droit de voir un avocat que vous avez choisi ou un avocat qui est mis à votre disposition si vous n’en connaissez pas. Lorsque vous participez à une manifestation, ayez toujours sur vous les coordonnées d’un ou plusieurs avocats. Vous devez rencontrer votre avocat immédiatement au début de la garde à vue et à la 24e heure (72e heure en cas de stupéfiants), pendant 30 mn de manière confidentielle (Article 63 – 4 du CPP).
En cas de prolongation de la garde à vue au delà de 24h, autorisée par le procureur, vous pouvez encore voir l’avocat à la 36e heure. Dès le début de la garde à vue “sans délai”, vous pouvez faire prévenir, par l’intermédiaire d’un policier, par téléphone, un proche (la personne avec qui vous vivez habituellement, l’un de vos parents, l’un de vos frère ou sœur, un ami, votre employeur, etc. (Article 63 – 2 du CPP). À tout moment lors de la garde à vue, à votre demande ou à celle d’un membre de la famille, vous avez le droit de demander d’être examiné par un médecin qui vient sans délai. Après 24h de garde à vue, vous avez le droit de demander une seconde fois à voir un médecin. Si vous avez moins de 16 ans, un médecin est désigné dès le début de la garde à vue pour vous examiner. Lorsque l’infraction concerne les stupéfiants, un médecin doit vous examiner dès la première heure de garde à vue, puis toutes les 24h, en plus des examens que vous pouvez personnellement demander, durant la garde à vue qui peut ici durer 96h. Il est possible que vous subissiez une fouille à corps afin de rechercher des indices en rapport avec l’infraction flagrante qui vous est reprochée. Il s’agit alors non seulement de fouiller vos vêtements mais aussi l’intérieur de votre corps. Mais la fouille à corps ne peut être effectuée que par un policier de même sexe que vous.
Pour certaines infractions (vol, destruction, dégradation etc), la police peut prendre vos empreintes génétiques. Si vous refusez, vous encourez une peine de 1 an d’emprisonnement et de 15000 euros d’amende. Mais si vous l’acceptez, vos empreintes peuvent rester 40 ans dans le FNAEG (fichier national des empreintes génétiques).
CONSEILS LORS DES GARDES À VUE
Relisez très attentivement le procès-verbal. Vous pouvez choisir de vous taire lors des interrogatoires. Attendez d’avoir demandé conseil à votre avocat avant de répondre aux questions posées par les policiers. Vous pouvez refuser de signer le procès-verbal (documents décrivant les conditions de garde à vue et des auditions). Si vous n’êtes pas sûr de son contenu, mieux vaut ne pas le signer ou ajouter vous-même des précisions à la fin du document, avant de le signer. Ayez toujours les coordonnées d’un ou plusieurs avocats sur vous, avant de partir en manifestation.
Si vous n’avez pas les moyens de payer les frais d’un avocat, vous pouvez demander à l’État français de prendre en charge totalement ou partiellement ces frais selon le montant de vos revenus mensuels. C’est l’aide juridictionnelle. Les policiers n’ont pas le droit de vous faire subir des violences, ni physiques, ni morales (Article 222 – 13 du CP et article 3 de la Convention Européenne des Droits de l’Homme). Si vous subissez des violences (coups, insultes, humiliations, refus de repas…), parlez en à votre avocat et demandez un examen médical afin que ces violences soient constatées dans un établissement hospitalier et qu’un certificat médical précisant la durée de l’arrêt de travail soit établi. La solution la plus efficace est de porter plainte devant un juge d’instruction avec constitution de partie civile. Une somme d’argent vous sera demandée à titre de consignation, sauf si vous avez l’aide juridictionnelle.
Si des violences contre des biens ou des personnes vous sont reprochées, il est très important d’avoir pris les coordonnées des personnes pouvant témoigner en votre faveur. Avant de manifester, ayez sur vous des petits papiers où vous avez écrit votre nom et votre téléphone, pour pouvoir les distribuer en urgence aux témoins, au moment où la police vous emmène, et tâchez de prendre les coordonnées des témoins. Vous avez des droits que les policiers ne peuvent vous refuser, comme ceux de voir un interprète, un avocat, un médecin.
S’ils vous ont été refusés, faites noter sur le procès-verbal que vous les avez demandés ou bien notez-le vous-même avant de le signer. Parlez en impérativement à votre avocat, car le non respect de vos droits rend toute la procédure nulle. Si les policiers vous ont dit que vous figuriez sur le STIC (système de traitement des infractions constatées), il s’agit d’un fichier de police (ou de gendarmerie) sur lequel sont inscrites des personnes “mises en cause” dans une précédente procédure (sans pour autant avoir été condamnée). Demandez aux policiers de vous lire les mentions du fichier qui vous concernent, et si vous n’êtes pas d’accord, vous pouvez écrire au Procureur de la République pour faire rectifier ou effacer ces informations.
Extrait du “guide du manifestant arrêté”, mise à jour novembre 2005
Par Évelyne Sire-Marin, magistrat, membre de la LDH, co-présidente de la Fondation Copernic
* CPP : Code de Procédure Pénale ; CP : Code Pénal