Chère Ségolène Royal, j’ai rêvé de vous cette nuit. Ooh !
Rassurez-vous, en tout bien tout honneur ! Mes rêves ne sont pas polissons, mais policés. Celui-là était même politisé. J’ai rêvé que ça y était, que la première présidente de la République française avait été élue au suffrage universel. Et ne faisons pas durer le suspense, c’était vous ! Après avoir été l’élue du cœur de François, vous deveniez l’élue de cœur des Français.
Quelques jours après vos prises de fonction, Michel et moi attendions dans l’antichambre du bureau présidentiel l’heure de notre rendez-vous. En effet, vous n’aviez pas attendu longtemps pour nous remettre à tous deux les insignes de grand-croix de la Légion d’honneur, pour nous remercier de vous avoir consacré tout un dimanche sur France 2.
Hollande, mon chéri !
En attendant que le Grand Chambellan vienne nous chercher, nous commentions les derniers événements. Cette élection était historique à plus d’un titre, car non seulement elle voyait une femme accéder pour la première fois à la plus haute responsabilité de l’État, mais encore y était-elle parvenue au terme d’un deuxième tour parfaitement inattendu, puisque les deux candidats arrivés en tête du premier n’étaient autres que François Hollande et vous-même.
Le dernier grand débat télévisé vous opposant restera dans les annales, car jamais l’on n’avait vu des protagonistes se tutoyer et s’appeler “Chéri”, en finissant par se rouler un patin à la fin de l’émission tout en se souhaitant bonne chance. Voilà une chose que l’on n’avait jamais vue auparavant, lors des confrontations Giscard/Mitterrand ou Chirac/Jospin. (…)
Source et extrait : Oh toi le Belge, ta gueule !, Philippe Geluck, préface de Michel Drucker (2006), Casterman