Obélix lui-même aurait sans doute été le plus heureux des tailleurs de pierre sur le chantier de la cathédrale. Contrairement aux artisans égyptiens qui devaient faire venir leurs pierres via le Nil de fort loin, de centaines de kilomètres avant d’arriver dans la Vallée des Rois ou sur le plateau de Gizeh, le majestueux édifice consacré à Marie a été construit avec de la pierre locale.
Les carrières étaient situées à peine à trois lieues de la cathédrale, avec des caractéristiques tout à fait extraordinaires. Il se trouve que le calcaire de Berchères, « cette pierre de taille magnifique qui traverse les siècles avec allégresse », est compact avec des grains fins, non gélif. Il durcit, reçoit le poli du marbre et résiste parfaitement aux intempéries et aux maladies de la pierre. Un vrai miracle en soi.
Ce miracle, il faut remonter à vingt-trois millions d’années en arrière pour l’expliquer avec un dépôt de calcaire dans des eaux de pluie, à l’extrémité sud-ouest du « lac de Beauce ». À l’époque, le climat était tropical humide : de quoi rêver… Qui eût pu croire qu’un jour la Beauce n’était qu’un lac entouré d’une végétation exotique ?
La pierre de Berchères
C’est à la fin du tertiaire, entre dix et trois millions d’années, que la formation des Alpes a soulevé le bassin parisien et, par effet de domino, créé le plateau de Beauce. Une poche de calcaire lacustre s’est retrouvée en surface dans la région de Berchères. Un nouvel apport de pluie tropicales a renforcé le calcaire primaire en créant des inclusions de calcite typique. Cette recalcification a augmenté en densité et solidité le dépôt calcaire : un phénomène rare qui en a fait sa spécificité remarquable, à nulle autre pareille.
Cette pierre blanche de Berchères est donc un miracle géologique. Les tailleurs de pierre de l’époque avaient là un matériau unique, forcément difficile à travailler mais pour quel résultat ! L’empilage des pierres n’a sans doute pas non plus été une sinécure eu égard au poids de chaque élément, mais la foi des charbonniers et la technicité et l’expérience des artisans ont fini par avoir raison de toutes les difficultés.
Bien sûr, ce n’est pas cette pierre de Berchères qui pouvait aussi servir pour les sculpteurs : trop dure et avec des inclusions gênantes. Ce sont des pierres crayeuses, celles de Vernon, qui ont servi pour les statues-colonnes, les tympans, les linteaux et autres voussures, trumeaux et ébrasements.
« Tu es Pierre, et sur cette pierre, je construirai mon église » : assurément, avec la pierre de Berchères, le permis de construire pouvait s’appliquer au modèle cathédrale.
Illustration : carte postale illustrant la carrière de la cathédrale de Chartres à Berchères-les-Pierres.
MIRACLE À CHARTRES
Ses pointes au coeur de la Beauce désignaient un ciel sombre. J’étais dans l’ombre, ne voyant que la nue chargée, les champs mornes, les étendues monotones. La cathédrale de Chartres, silhouette sinistre dans le lointain, affligeait mon âme pragmatique.
Les rigueurs de l’âpre saison ne m’inspiraient que tristesse. Autour de moi, l’espace : rien qu’un vide immense, un silence sans échos, des agitations dénuées de sens… L’absurde comédie des éléments où les nuages ne sont que fumée, les astres des points sans nom, l’horizon un chantier agricole arrosé par l’onde hivernale.
Et les oeuvres des hommes, des pierres vouées à la poussière.
Pourtant, front baissé, j’avançais vers les inutiles flèches. Qu’allais-je y chercher, moi l’impie ? La plaine peut-être avait la réponse : au fil de mes pas le vent ressemblait de plus en plus à un chant.
Confusément la clarté se fit en moi à mesure que j’approchais des géantes séculaires.
Le MYSTERE m’attirait vers la double flamme de pierre. Et plus les aiguilles gothiques grandissaient, plus ma conscience s’éveillait.
Enfin je fus au pied de l’édifice. Je pénétrai dans l’antre vaste et serein.
Dans ce lieu dense un feu couvait sous les ogives : le silence reflétait les profondeurs sidérales, les vitraux la musique des particules de la matière. Spirales galactiques et valse des molécules étaient immortalisées dans le minéral, interprétant l’impénétrable symphonie universelle.
Le bleu était poésie, le rouge était mélodie, le cercle était onde. Dans les vitraux, des papillons. Sous mes pieds, des constellations. Au-dessus de ma tête, l’incommensurable.
Le roc était vivant… J’ETAIS vivant ! L’alchimie des signes et des choses avait opéré sur mon être un miracle sans bruit. L’harmonie cosmique suggérée par l’architecture et les verrières avait ébranlé mes certitudes de matérialiste.
La pénombre de la cathédrale m’éclairait intérieurement : j’avais saisi la subtilité de l’invisible.
La magie des voûtes me retint longtemps dans ma méditation. Et tandis que je scrutais l’immensité cachée de ce qui m’entourait, le vaisseau immobile voguait vers l’éternité.
Depuis le fond de la plaine j’avais répondu à ses muets appels avant qu’il ne m’emporte à destination de l’infini dans un fracas qui n’est audible qu’à des oreilles initiées.
Et l’infini avait le visage de la lumière.
http://www.romanian-icons.com/
VOIR LES TROIS VIDÉO :
http://www.dailymotion.com/video/xjhn7n_miracle-a-chartres-raphael-zacharie-de-izarra_creation
http://www.dailymotion.com/video/xfl5qm_miracle-a-chartres-raphael-zacharie-de-izarra_creation
http://www.dailymotion.com/video/xfl5x4_miracle-a-chartres-raphael-zacharie-de-izarra_webcam
Raphaël Zacharie de IZARRA
Venez vous agiter salutairement les neurones en lisant les textes rafraîchissants et incendiaires de mon BLOG :
http://izarralune.blogspot.com
Raphaël Zacharie de IZARRA