Le Trésor Public rembourse 32 millions d’euros à une fraudeuse fiscale milliardaire au titre du bouclier fiscal, pendant que valsent d’autres millions dans de sombres affaires de rétrocommissions, liées à la vente de sous-marins au Pakistan et qui auraient permis de financer la campagne électorale d’Édouard Balladur à la présidentielle de 1995. Et pendant ce temps, les affaires continuent…

Souvenez-vous l’année 2007 ! Nicolas Sarkozy nous promettait une “République irréprochable”, avec “plus d’humilité”, n’hésitant pas à affirmer que “le Président de la République, (…) ce n’est pas l’homme d’un parti, ce n’est pas l’homme d’un clan”… Sans doute pensait-il ici à son prédécesseur, sûrement cela ne s’appliquait-il qu’à d’autres avant lui !
Revoyez et savourez ce moment de propagande télévisée, tellement il regorge de fausses promesses et de mensonges, annonciateur qu’il est des renoncements et reniements futurs. Ce futur, nous y sommes et avec lui, son cortège de révélations toutes plus énormes les unes que les autres. En guise d’amuse-bouche et parmi les plus futiles, le nombre de ministres, qui ne devaient être que “quinze au maximum” et “rendre des comptes”…
Népotisme bling-bling
Rendre ou maquiller, aujourd’hui, on ne sait plus très bien ! Passons rapidement sur l’indécence des agapes d’un soir au Fouquet’s et de la virée sur le yacht du milliardaire Bolloré qui s’en est suivi, ou sur le rôle que joua Notre Majesté pendant la crise de 2008, qui selon les caciques de l’UMP était la pire que le monde est connu depuis 1929, pour aller à l’essentiel !
Il y eût d’abord, en 2009, la tentative pitoyable de caser le primo-délinquant surnommé Prince Jean, chauffard à ses heures, à la tête de l’EPAD ; et dans le sillage de l’annonce de cette nomination douteuse, les premiers commentaires acerbes sur ce qui restera dans les annales du népotisme comme un cas d’école, la France étant reléguée pour le coup au rang infâme d’une vulgaire république bananière…
Visiblement les journalistes étrangers ne connaissent pas Gustave Parking qui lui, avait vu juste en déclarant, à Avignon en 2010, que “si la République française est un si gros producteur de céréales, c’est que depuis 2007, elle sait bien que c’est plus facile à faire pousser que des bananes !”
Woerth-Bettencourt
En 2010 justement, nous eûmes droit au déballage de linge sale d’une des plus grandes fortunes de France, avec l’affaire Woerth-Bettencourt, où l’on apprenait, grâce au petit personnel (et à son indélicatesse), que Madame s’offrait une île à l’autre bout de la planète sur laquelle elle ne mettait que rarement les pieds, fraudait allègrement le fisc tout en recevant de celui-ci de gros chèques et que, diantre, les valises de billets ne servaient pas uniquement à s’acheter quelques victuailles à la supérette (Fauchon) du coin mais pouvaient aussi utilement financer les campagnes électorales de quelques grands hommes, incarnations suprêmes de l’honnêteté, cela va sans dire…
Reste néanmoins de cette épisode, un goût amer de conflit d’intérêts… De renvois d’ascenseur entre gens de la haute et de petites fraudes entre amis… Un soupçon de financement illégal de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007 et le sentiment que toutes ces sommités politiques ont décidément l’éthique élastique !
Du Pakistan à l’Arabie saoudite
Et voilà que cette année rebondit un scandale ancien, celui de la vente de frégates à l’Arabie Saoudite et de sous-marins au Pakistan, contrats conclus en 1994 et qui auraient donné lieu au versement de rétrocommissions ayant permis de financer la campagne présidentielle d’Édouard Balladur en 1995, et dont la suspension par Jacques Chirac conduira à l’attentat de Karachi en 2002 contre des employés français de la Direction des constructions navales (DCNS).
Et l’on ne sera pas même surpris de retrouver dans cette “affaire Karachi” nombre de protagonistes toujours en poste au sommet de l’État ou ayant eu des fonctions gouvernementales depuis… À commencer par Nicolas Sarkozy, ministre du Budget dans le gouvernement Balladur de 1993 à 1995, directeur de campagne et porte-parole de ce dernier à la présidentielle de 1995, mais aussi François Léotard, Renaud Donnedieu de Vabres, Brice Hortefeux et Claude Guéant, François Morin et Charles Millon ou encore Dominique de Villepin…
Françafrique
Que du beau linge en somme ! Tous finalement suspectés par le petit peuple, ces salauds de pauvres, d’être des mafieux ou des pourris, au mieux des courtisans sans foi ni loi se gavant sur le dos de la République, logés, nourris et blanchis au frais de la princesse et qui, en pleine tempête judiciaire et médiatique, tentent par tous les moyens de s’accrocher à leurs privilèges comme en d’autres lieux, des moules à leur rocher. Et quand on apprend au détour d’un article que la Françafrique a encore de beaux jours devant elle, la coupe est pleine…
Sources et compléments d’information :
- - “UMP — Je veux une République irréprochable”, Dailymotion ;
- - Bolloré et Sarkozy, une amitié au service de l’État, Bakchich (archive) ;
- - Pour Sarkozy, la crise financière marque « la fin d’un monde », Rue89 ;
- - Jean Sarkozy, Wikipédia ;
- - Jean Sarkozy relaxé dans l’affaire du scooter, Le Point ;
- - La presse étrangère raille “Sarko junior” et la “république bananière française”, Le Monde ;
- - Une soirée au Festival Off d’Avignon avec Gustave Parking, Atoma ;
- - Affaire Woerth-Bettencourt, Wikipédia ;
- - L’affaire Bettencourt entre dans la campagne 2012, Marianne ;
- - Affaire des frégates d’Arabie saoudite et des sous-marins du Pakistan, Wikipédia ;
- - Attentat du 8 mai 2002 à Karachi, Wikipédia ;
- - Karachi : l’autre affaire qui affole l’Élysée, Médiapart ;
- - L’argent de la Françafrique aurait aussi financé Nicolas Sarkozy, Rue89.
Great info, thanks !